L'Art Français de laGuerre
de Alexis Jenni
La partie relatant la vie du Personnage Victorien Salagnon vous passionnera,
le reste.... je ne saurais vous dire. Les chapitres « Commentaires » decrivent
la vie très courante d'un genre de personne que je n'ai jamais apprécié par
principe. Le genre de personne que je ne fréquente jamais de bon gré, ni ne
cherche à fréquenter. Le petit Baba-cool gauchiste, petit bourgeois envieux
des grands, méprisants des petits, imbu de sa pseudo-intelligence, qui passe sa
vie a végéter au crochet de ses parents tant qu'il peut, puis au crochet de la Société,
à fumer ses pétards, partisan du moindre effort, passant son temps a se moquer
des "besogneux", et critiquer, a grand coups de slogans préfabriqués,
les "nantis" avec une haine et jalousie viscérale, dont il a hérite
de la génération précédente (parents et profs qui l'ont formé). C'est un adulte qui a
du mal a sortir de l’adolescence, un Arthur Rimbaud du 20e siècle, sans
le courage, la verve, l’audace et surtout le talent du verbe de ce dernier, mais atteint
du même malaise, le "Rebel Dépressif" sans cause ni but.
Ce malaise est malgré tout le lien qui rattache les 2 personnages
transcendant les époques et leur monde respectif, car chacun des deux vit dans le sien, dans sa tete. L’un plongé dans
le choc de la réalité de la guerre, la seule qu’il connaisse tant le reste du
monde et de la vie lui semble superficiel au mieux, factice au pire. L’autre
errant sans convictions entre 2 étapes de sa vie, ne sachant vraiment ni
pourquoi il est la, ni si cela vaut la peine de mettre un pied devant l’autre,
flottant dans le brouillard du manque d'objectis et de raison d'etre. Leur rencontre et ce
malaise qu’ils ont en commun permet a l’un de réorganiser sa vie par le récit
de ce qu’il a vécut et ainsi en tirer une perspective qui lui apporte
finalement un point de focus et de « paix », un sens final d’accomplissement.
Cette rencontre donne aussi à l’autre, un aperçu d’un monde qu’il jugeait auparavant
sans vraiment le comprendre. Un monde dur, solide brutal et tout aussi incompréhensible
que le sien. Mais un monde sur lequel il peut s’appuyer pour bondir pour un
nouveau départ. Mettant sur papier le récit de la vie troublante mais passionnante
d’un autre, dont le personnage est diamétralement opposé au sien, mais qu’il
comprend parfaitement, aussi étrange et illogique que cela puisse lui paraitre.
Une bouée de sauvetage, un objectif enfin, celui de mettre sur papier l’essence
même du vécu d’un personnage aux proportions épiques.
Je vous recommande donc de lire « l'Art Français de la Guerre ». Vous
apprécierez le contexte historique, une histoire bien contée, qui ouvre une fenêtre
sur l'intimité de la vie des familles sous l'occupation à Lyon et dans nos
campagnes.
L'alternance des chapitres entre les "Commentaires" (Vie du
narrateur de nos jours) et les Chapitres du Roman (vie de Victorien Salagnon de
1943 à nos Jours) est assez pénible. On est tenté de lire les chapitres
'Romans" d'abord, et omettre complètement les chapitres "commentaires"
[que je trouve personnellement rasoir]. Mais tous ne le sont pas, certains
chapitres sont directement liés au "Roman" tels que les chapitres ou
le Narrateur et le Victorien Salagnon d'aujourd'hui échangent directement leur
avis sur la vie et surtout sur la Guerre. Ces chapitres là sont passionnants,
les autres, a mon humble avis ne sont que du remplissage, ou tout y est méticuleusement
placé pour rentrer soigneusement dans la "Boite" étiquetée "Prix
Goncourt": Un peu de sexualité crue, un peu de grossièreté pour faire
"dans le coup", un peu de mots à rallonge et de phrases compliquées, même
si elles sont souvent maladroites, pour faire "Intello", et toute la liste "académique"
des typiques montages de métaphores, personnifications, simili, quelques
citations de personnage célèbres de l'Intelligencia Internationale tel que Sun Tsu
(L'art de la Guerre), Freud, et d'autres, facilement reconnaissables, le tout tres "politiquement correct", tres au gout du jour, bien joue'! Tout pour
rentrer parfaitement dans le profile et marquer des points. Si tel était le but
de Jenni, il a bien travaillé. En bon élève il s'est bien renseigné sur le Barème
de correction du Prof et s'est assuré que tout les points nécessaires y étaient
au risque d'en perdre tout âme et substance du récit, mais bon... l'âme et la
substance, il les a mis en bouchées doubles dans les chapitres
"Romans". Rien que pour ca, ca vaut le coup.
Je ne connais pas du tout Alexis Jenni, bien que nous ayons fréquenté le Lycée
de Belley a la même époque, il était en terminale quand je suis entre en 2nde,
mais on ne fréquentait pas du tout les mêmes cercles, bien que je connaissais très
bien certaines de ses camarades de classe, je ne savais même pas qu'il existait.
Pourtant son père était mon Prof d'Allemand en 2de. J'aimerais, par contre, le
rencontrer un jour et parler de son bouquin. Le personnage de Salagnon est
vraiment passionnant, j'aurais des milliers de questions sur ce qui l'a inspiré
pour le choix du titre, des noms de personnage des lieux...etc. Il semble y
avoir là, beaucoup plus que ce qui est écrit. Je pense que Jenni, pourrait murir
en tant qu'auteur et si il reste dans le roman historique, il pourrait être un
fabuleux conteur. Le talent est définitivement présent, un peu brut et reste à dégrossir,
à peaufiner, mais j'aimerais le voir écrire beaucoup d'autres bouquins à
condition qu'il garde la passion dont il a fait preuve dans les chapitres
"romans" de son livre.
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